By Dr. Louis-Marie Kakdeu, Dr. Jean Cedric Kouam, Dr. Joel Moudio Motto, Ulrich D’Pola Kamdem, Egoh Modi Aziz (Pdf Version)
RESUME
L’objet de cette étude est d’analyser la résilience de la politique budgétaire du Cameroun pour l’année 2020 en se focalisant sur la viabilité de la dette de l’Etat et la promotion de la libre entreprise. Pour ce faire, l’étude a collecté des données secondaires de diverses sources à savoir les lois de finances de la République du Cameroun, les ressources documentaires de la Banque Mondiale, du Fonds Monétaire International, de la Caisse Autonome d’Amortissement, le Ministère des Finances ou encore le Ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire pour n’en citer que quelques-unes. En utilisant les outils de l’analyse statistique (notamment les statistiques descriptives) et via une approche démonstrative, l’étude est parvenue à des résultats divers.
Premièrement, la dette du Cameroun reste viable. Cependant, le risque de surendettement extérieur reste élevé. De ce fait, la politique budgétaire, dont l’objectif est d’assurer la pleine croissance économique, ne peut véritablement pas permettre d’atteindre les objectifs voulus malgré les choix budgétaires du gouvernement qui visent à réduire les chocs économiques liés à la Covid-19.
Deuxièmement, les efforts fournis par le Gouvernement du Cameroun en matière budgétaire, à travers la Loi de Finances Rectificative (LFR) 2020, sont très insuffisants pour développer un secteur manufacturier sain, compétitif et diversifié, capable d’inverser la structure du commerce extérieur (le rapport exportations et importations). Ces efforts restent aussi insuffisants tant pour accroître la productivité de l’économie (notamment en intensifiant les activités sylvo-agro pastorales et piscicoles ainsi que d’extraction minière) que pour promouvoir durablement le « made in Cameroun » et ouvrir le pays à la concurrence.
Au regard de ces résultats, l’étude formule les recommandations suivantes :
- Réduire le train de vie de l’Etat en termes de dépenses de fonctionnement dans tous les sous-secteurs d’activité de l’économie nationale.
Celles-ci concernent l’ensemble des avantages pécuniaires des agents du service public (missions à l’étranger, perdiems, octroi des véhicules et bons de carburant).
- Améliorer le niveau des dépenses en capital ou d’investissement dans tous les sous-secteurs d’activité à forte compétitivité.
Cette amélioration protégerait les sous-secteurs nationaux les plus intensifs en main d’œuvre d’une concurrence accrue des produits étrangers.
- Formuler explicitement un objectif de compétitivité dans les sous-secteurs stratégiques de l’économie camerounaise encore fortement influencés par l’omniprésence de l’Etat (postes & télécommunications, eau & énergie, transports).
L’enjeu est d’empêcher le transfert de bien-être des demandeurs vers les offreurs et, de contribuer par ce biais à la protection de leur pouvoir d’achat.
- Revoir à la hausse les montants des crédits de paiement ouverts sur les programmes concourant à la promotion de la compétitivité et à l’amélioration de la gouvernance économique dans les sous-secteurs concernés.
Le but visé est de s’assurer que le droit qui sécurise les affaires sera bien appliqué, que les infrastructures du pays, propres à assurer la logistique et l’alimentation en énergie, eau et télécommunications seront
performantes et que les autres institutions tels que l’éducation, la santé, la sécurité sociale, etc fonctionneront dans de bonnes conditions.
- Supprimer les charges fiscales dont l’impact sur la croissance est négligeable notamment celles qui découragent le libre marché.
Ce sont par exemple l’impôt sur le droit d’exercer une activité professionnelle, les taxes sur les services déterminés.
EXECUTIVE SUMMARY
The objective of this report is to analyse the resilience of Cameroon’s fiscal policy for 2020 by focusing on the sustainability of the State’s debt and the promotion of free enterprise. To achieve this objective, secondary data was collected from various sources including the finance laws of the Republic of Cameroon, the World Bank, the International Monetary Fund, the Autonomous Amortization Fund (CAA), the Ministry of Finance, and the Ministry of Economy, Planning, and Regional Development just to name a few. Using descriptive statistics and a demonstrative approach, the study came out with the following key findings.
1) The study found out that Cameroon’s debt remains sustainable. However, the risk of external over-indebtedness remains high. As a result, the fiscal policy, whose objective is to ensure full economic growth, cannot achieve the objectives despite the government’s budgetary choices aimed at reducing the economic shocks linked to the COVID-19 pandemic.
2) It equally found that the efforts made by the Government of Cameroon as regards budgetary issues, in amending the Finance Law 2020, are very insufficient to develop a healthy, competitive, and diversified manufacturing sector, capable of reversing the structure of foreign trade (exports and imports). These efforts also remain insufficient both to increase the productivity of the economy (notably by intensifying agro-pastoral and fish farming activities as well as mining) and to sustainably promote “made in Cameroon” products, open the country to more competition and deliver tangible results in terms of promoting free market.
Given these results, the study makes the following key recommendations:
1) Reduce the State’s lifestyle in terms of operating expenditure in all the sub-sectors of activity of the national economy.
This concerns all the financial benefits of public service agents (missions abroad, perdiems, granting of vehicles and fuel vouchers).
2) Improve the level of capital or investment expenditure in all sub-sectors of activity with high competitiveness.
This improvement would protect the most labour-intensive domestic sub-sectors from increased competition from foreign products.
3) Explicitly formulate an objective of competitiveness in the strategic sub-sectors of the economy of Cameroon which are still strongly influenced by the omnipresence of the state (posts & telecommunications, water & energy, transport).
The challenge is to prevent the transfer of welfare from the people demanding to those offering and, in this way, to contribute to the protection of their purchasing power.
4) Increase the amounts of payment appropriations opened on programmes contributing to the promotion of competitiveness and the improvement of economic governance in the sub-sectors concerned.
The aim is to ensure that the law that secures business will be properly applied. Moreover, the country’s infrastructure for logistics and the supply of energy, water and telecommunications will be efficient and that other institutions such as education, health, social security, etc. will operate in good conditions.
5) Eliminate tax burdens that do not have significant impact on growth, particularly those that discourage the free market.
These are, for example, the tax on the right to exercise a professional activity, the taxes on specified services.
A leading African think tank with a mission to provide independent, in-depth and insightful policy recommendations that allows all Africans to prosper in free, fair, democratic and sustainable economies.
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