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Sommaire

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Le Cameroun est un pays au potentiel minier fort. Le gouvernement camerounais vise à exploiter ses ressources minières pour atteindre le statut de pays émergent en 2035, comme indiqué dans son document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE).

 Le gouvernement camerounais, en collaboration avec les instances de renommée internationale comme le Pnud et le Bureau de recherche géologiques et minières (Brgm), et le PRECASEM récemment a mené des études pour retracer le potentiel minier camerounais ce dernier a été publier lors de la récente conférence internationale de l’exhibition minière du Cameroun (CIMEC).  Mais au regard de ce gigantesque potentiel ce dernier a son passage subit des graves crises environnementaux. Ce document de 6pages retrace les différentes anomalies et multiples dégâts causés par le passage des entreprises Minières et quelques pistes de solutions à l’endroit des acteurs Miniers au Cameroun.

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L’Est-Cameroun est un scandale géologique. La diversité des ressources minières qu’elle abrite alimente les convoitises des compagnies minières. De plus, dans sa vision d’émergence économique à l’horizon 2035 (MINMIDT, 2001 ; MINEPAT, 2009), le gouvernement Camerounais a fait de l’exploitation des ressources minières, l’un des piliers de développement du pays. Depuis lors, la région connait une dynamique extractive sans précédent. Celle-ci a été amplifiée par « l’opération sauvegarde de l’or » lancée en octobre 2007 par le Ministère des Mines dans la commune de Bétare-Oya en prévision à la mise en eau du barrage hydroélectrique de Lom-Pangar. Cependant, les externalités socio-environnementales négatives alimentent les plaintes des riverains, questionnent la gouvernance et alimentent les conflits notamment entre exploitants miniers et communautés locales.

Pendant longtemps la mine artisanale était le plus connu dans cette zone du pays. A titre de rappel la mine artisanale concerne des opérations menées par des individus ou des petits groupes souvent familiaux sans notion d’échelle. Largement informelle, elle exploite sans planification, avec des méthodes et des outils d’extraction et de traitement souvent ancestraux et rudimentaires, caractérisées par l’ouverture des trous à différentes profondeurs.

D’après les normes de l’OMS, le seuil maximum toléré est de 4 microgrammes/litre et à partir de 50 microgrammes, le mercure devient très toxique et son inhalation peut entraîner des troubles neurologiques et des lésions cérébrales graves; ce qui constitue des préjudices pour la santé des hommes.

Les affres écologiques.

Le gouvernement Camerounais est depuis longtemps à l’avant-garde de l’action mondiale sur le changement climatique. Il y a vingt-sept ans – et trois ans avant le sommet de Rio de 1992 – les dirigeants ont signés la déclaration de Langkawi sur l’environnement qui, pour la première fois, a cité collectivement l’effet de serre comme l’un des principaux problèmes environnementaux mais aujourd’hui le cas est alarmant la destruction de l’espace environnemental a eu un sacré coup dans les zones non seulement à forte concentration humaines mais aussi avec les activités de ses dernières. Le changement climatique inverse les progrès accomplis dans la lutte contre la pauvreté, la croissance économique et la stabilité dans le monde. Il existe des preuves convaincantes que les ‘‘petits États et les pays les moins avancés’’ souffrent déjà des impacts du changement climatique de manière disproportionnée.la localité de Bétare Oya dans l’Est Cameroun est un exemple suite au passage de l’exploitation minières.

Impacts environnementaux liés à la phase de prospection

Beaucoup de techniques de prospection, comme la géophysique aéroportée, les levés géologiques ou géochimiques, les travaux miniers légers, etc., ne causent pas de dommages majeurs à l’environnement.

D’autres méthodes peuvent générer des impacts environnementaux mineurs qui sont réglables le plus souvent par l’application de mesures de correction et/ou de mitigation. Il s’agit par exemple des essais d’échantillonnage gros volume, des tests métallurgiques, des essais de traitement, etc. En phase d’exploration, on se préoccupera notamment des voies d’accès : La principale atteinte à l’environnement causée par la plupart des opérations de prospection minière est la perturbation du relief due à la construction de routes et de plates-formes de sondage, et à l’utilisation de matériels lourds

 Impacts environnementaux liés aux travaux de faisabilité

L’étude de faisabilité ne se limite pas à la seule confection d’un rapport technico-économique. Un tel rapport en est la conclusion et la synthèse qui démontrent la fiabilité technique de l’exploitation et sa rentabilité. Beaucoup de travaux doivent donc être effectués pour recueillir les données qui seront nécessaires à un tel rapport. Les impacts associés à ces activités peuvent affecter les ressources hydrauliques, le sol et le couvert végétal, l’habitat naturel, la faune et parfois les sites archéologiques d’intérêt culturel.

Dans la plupart des cas, les impacts majeurs liés aux travaux de faisabilité doivent être analysés dans une note d’évaluation environnementale où des mesures correctives appropriées sont proposées pour leur mitigation

Impacts environnementaux liés à la phase d’exploitation

Parmi les impacts prévisibles associés à l’exploitation d’une mine, qu’elle soit à ciel ouvert ou par carrière, on retiendra les perturbations et les déséquilibres qui sont susceptibles d’affecter non seulement l’écosystème air-eau-sol, mais également l’environnement humain et socioculturel. On retiendra, entre autres :

  • Perte de la végétation naturelle et de l’habitat de la faune :

 Les activités minières, à cause de l’ouverture des carrières, de l’utilisation d’engins lourds et d’autres types de machines, ont entraîner un important déséquilibre de l’environnement naturel, en affectant la végétation locale, l’habitat naturel et la vie animale.

  • Dégradation du sol et du couvert végétal :

 Les activités minières ont entraîné un déboisage massif avec comme conséquences, une accélération des phénomènes d’érosion, la perturbation de la diversité biologique et du couvert végétal, des glissements de terrain ou des affaissements de sols.

  • Changement de la qualité des ressources hydrologiques :

 L’industrie minière rejette plusieurs milliers de tonnes de stériles et de résidus chaque année. La majeure partie de ces rejets provient de l’exploitation de dépôts sulfurés desquels sont extraits l’or. Ces résidus miniers sont exposés à l’air et à l’eau, où ils s’oxydent en présence de certaines bactéries, comme le thiobacillus  ferrooxidans. Ce phénomène aboutit à la formation d’eaux acides qui véhiculent des métaux lourds dont certains sont particulièrement dangereux pour la santé humaine et animale. Ces effluents acides peuvent atteindre la nappe souterraine et entraîner ainsi une contamination des eaux profondes.

Affaissement de terrains. 

En exploitation souterraine, l’excavation de matériaux est une cause potentielle de mouvements de terrain et donc de déformations de la surface. Les circonstances dans lesquelles ces phénomènes peuvent se produire sont très variables. Les principaux paramètres en sont la géométrie, la méthode d’exploitation, la nature du gisement et des morts terrains. Dans de nombreux cas, la prise en compte des lois de la mécanique des roches permet une prévision qualitative relativement fiable des risques d’affaissement.

Lors de l’abandon des exploitations à ciel ouvert, d’importants effondrements des flancs de fosse peuvent survenir le cas des sites de Bétare Oya. On recommande de ménager un périmètre de sécurité autour des fosses abandonnées ce qui n’est pas le cas dans cette zone.

Pollutions.

L’exploitation minière peut provoquer une contamination de l’air par les poussières résultant de la fragmentation et du déplacement des roches, et par les gaz issus de l’utilisation d’explosifs. L’utilisation d’explosifs, de générateurs électriques et d’engins de terrassement constitue une source de nuisances sonores dans l’exploitation minière. Dans le cas des gisements aurifères par exemple, le traitement du minerai est réalisé en général par attaques chimiques diverses. Il s’agit de procédés essentiellement basés sur la cyanuration et l’utilisation d’autres produits chimiques très toxiques. Bien que réalisés dans des cuves, ces procédés peuvent avoir pour conséquence. Une émission de dioxyde de soufre dans l’air et une dispersion plus ou moins importante de cyanure dans les bassins de décantation. Les cours d’eau sont actuellement contaminées par le l’émission du fer dans l’eau suite au travaux de maintenance et soudure.

Impacts sociaux liés à l’exploitation

Déplacement involontaire des populations : Les activités minières sont susceptibles d’entraîner un déplacement involontaire des populations de leur lieu d’origine vers de nouveaux sites, créant de ce fait, des effets sociaux perturbateurs sur les familles et les résidents autochtones le cas des peuple Mboro en quête de pâturages. Les projets miniers qui déplacent involontairement des populations donnent en général lieu à de sérieux problèmes économiques, sociaux et environnementaux expliqués plus haut.

Le déplacement involontaire peut donc être source de difficultés à long terme en entraînant un appauvrissement des populations touchées et causer des dégâts à l’environnement, manque d’espace pour cultiver ou même exercer l’élevage.

Impacts sociaux

L’afflux massif de populations diverses sur les sites comme celui de Bétare Oya, dû à l’appétit d’un enrichissement facile et rapide, entraîne en général, une dégradation rapide des mœurs. C’est ainsi que la prostitution, l’usage de stupéfiants, la délinquance, l’escroquerie, le banditisme et même la criminalité, ont tendance à s’y développer ces derniers temps. Ce danger est d’autant plus réel que, souvent, il y a une nette insuffisance d’infrastructures sociales élémentaires, notamment aux plans santé, éducation ou les plus jeunes abandonnent les études pour les sites miniers.

Les Recommandations

Au regard de ce qui précède, des mesures d’accompagnements pourront être prise entre autres :

  • Reboisement des zones dévastées : Les zones dévastées devraient à travers un appui du MINMIDT être reboisés par les différentes communes concernés
  • Reconversion des sites miniers en étangs piscicoles : le MINMIDT en collaboration avec le Ministère des pêches et industries animales devraient mettre sur pied le projet de reconversion des trous oubliés en étangs de pisciculture.
  • Séminaires de renforcement des capacités des mineurs : le MINMIDT devraient équiper ses délégués régionaux sur les outils nécessaires en ce qui concerne les effets néfastes de l’utilisation des produits chimiques.
  • Sensibilisation des élites locaux et des Maires sur le principe d’acquisition des sites miniers en partenariat avec le Ministère de l’environnement.

Conclusion

               Comme tout autres activités de l’homme, l’industrie minière pose aujourd’hui des problèmes d’environnement parfois très aigus. Du secteur minier informel à la petite mine mécanisée jusqu’aux grands projets industriels, il existe une gamme très large d’impacts environnementaux qui ont été décrits dans le cadre des sites de Bétare Oya. Face à la matérialisation et à l’intensification de ce phénomène, il devient urgent d’intégrer désormais les exigences de la protection de l’environnement dans les politiques de développement du secteur minier. Il s’agira, pour ce faire, de concilier la nécessité d’une production minière génératrice de revenus et d’emplois pour l’économie nationale, et le désir légitime de maintenir un environnement sain dans les sites miniers au Cameroun

By Ngozo Pegoko Rodrigue  (Pdf Version)

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